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Vocabulaire Technique: Text

GESTE ET TRANSMISSION

dans la Charpenterie de marine

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Sous-thématique 1 : Une transmission dite traditionnelle.

  • « La chaine de production gestuelle »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En analysant l'histoire de la charpenterie et de la construction navale, il est possible d'apprécier l'évolution qu'ont connu tant les bateaux que les techniques et les outils des maîtres artisans. Il en va de même, du geste et de la transmission du savoir-faire qui ont connu différentes transformations et avancées. Dans ce cadre, le chantier naval ou l'atelier, depuis son apparition comme lieu de production, a servi d'articulation et de témoin de ces évolutions. Au sein ce dernier, il est possible de visualiser une « chaîne de production gestuelle[1] » se déroulant dans un même espace physique. De cette manière, grâce au chantier naval en tant que coordinateur des différentes étapes de l'élaboration d'un bateau, nous pouvons percevoir une ligne de production gestuelle qui, contribue à la compréhension, à la codification et à la transmission du savoir-faire.

 

[1] Le terme « chaîne de production » fait référence aux différentes étapes de la construction et de la préparation d'un bateau au sein d'un chantier naval. Nous y avons associé le geste. Si nous décidé d'utiliser cette terminologie, c’est parce que notre étude se concentre sur l'analyse des gestes effectués par les maîtres artisans lors de la construction d'un bateau, donc sur geste de le construire, à la différence de la chaîne opératoire qui réfléchit au processus de construction de l’objet.

 

  • « La transmission de la chaine opératoire grâce au vocabulaire technique : un dialogue entre théorie et pratique »

Le vocabulaire théorique est un vocabulaire assez récent, enseigné dans les lycées et les centres de formations. Est-il différent et/ou complémentaire du vocabulaire ancestral de la pratique ? Aujourd’hui, le vocabulaire n’est plus appris au sein du chantier dans un processus d’apprentissage maitre/apprenti mais dans les écoles qui ont uniformisé le vocabulaire et mis de côté toutes les spécificités du vocabulaire technique, qu’il soit régional ou non. Yves Tanguy, charpentier de marine et propriétaire du chantier Tanguy à Douarnenez, remet en question la formation technique des futurs charpentiers de marine qui, selon lui, n'ont pas toutes les compétences afin de travailler dans une entreprise : il fait part de son inquiétude vis-àvis de cette perte de savoir-faire lié au bois. Pascal Barbotte, formateur en charpente marine au lycée Jean Moulin à Plouhinec, allant dans ce sens, reconnaît cette « dilution du savoir-faire » pour cause de vouloir former des charpentiers polyvalents et « capables de travailler dans toute la France ». La formation d’une année semble être courte et manquer de moyens pédagogiques afin de former correctement les élèves qui n’étudient pas en profondeurs les différents types de construction, dont la construction bois, d’où la perte notable de savoir-faire et de vocabulaire technique. Néanmoins, selon Tanguy, il est nécessaire d’être précis afin de pérenniser la charpenterie de marine traditionnelle. Les écoles de formation en charpenterie doivent inculquer aux élèves le vocabulaire approprié des chantiers navals et non des termes inexacts qui entraveraient la transmission des étapes de la chaine opératoire. Il faut confronter ce point de vue avec celui des charpentiers-restaurateurs du Port-Musée de Douarnenez qui assurent qu’il est important de « créer » un nouveau vocabulaire compréhensible de tous au vu du travail en équipe dans l’atelier : une nouvelle codification du savoir-faire est mise en place.

 

  • « Des gestes précis »

 

L’objectif de l’artiste est de montrer toutes les étapes de la construction navale, de la pose de la quille jusqu’au lancement du navire, en passant par la coupe du bois avec les scieurs de long, l’assemblage des membrures à la pièce de quille, son armement, le radoubage, l’abattage en carène, le calfatage. Autrement dit, il s’agit de montrer ou nous transmettre le « savoir-faire » comme une pratique qui se distribue en gestes combinant la manipulation et l’efficacité des instruments que le charpentier utilise dans ses activités quotidiennes au sein du chantier naval.

Sous-thématique 2 : Geste et innovation. 

  • « La nécessité d’utiliser de nouveaux médiums dans le processus de transmission »

Le geste en charpenterie de marine, ce mouvement du corps qui représente la technique et qui conduit à l’objet produit. Quelle est sa place dans le processus de transmission ? Peut-il réellement être transmis du maître à l’apprenti ? De père en fils ? Yves Deforge émet une certaine réserve tant le geste est lié à l’homme et renvoie à un caractère volatile voire immatériel. Il dit d’ailleurs que « tous les savoirs formalisés attachés à un processus peuvent être copiés, vendus, transférés, mais pas (ou plus difficilement) les savoir-faire propres à l’homme. ». C’est donc un fait complexe car « les savoir-faire et les pratiques sont des capacités personnelles, intériorisées, difficiles d’accès, à qui n’en est pas porteur. On en voit le résultat : l’objet est produit, l’acte est accompli, le problème est résolu, mais on ne sait pas comment, par quels voies et moyens, par quels algorithmes, par quelle réflexion personnelle. ».  Cependant, malgré cette difficulté que nous avons relevé dans la reproduction ou la transmission du geste, notre étude permet de proposer une alternative à la lumière des travaux comme ceux de Bénédicte Rolland-Villemot (L’explication du geste technique, la transmission des savoir-faire…2017), de G. Wilhelm Leibniz (Discours touchant la méthode de la certitude et l’art d’inventer, Berlin, 1890) et bien d’autres.  A partir des codes tels que le dessin, le dessin technique, la photographie, le reportage, la description textuelle, etc., le geste est capté, immobilisé dans ces différents moments permettant ainsi, dans une certaine mesure, sa transmission.

  • « Un instantané du geste : le rôle de la photographie dans le processus de transmission du geste »

La photographie du geste technique joue un rôle majeur pour interroger la transmission des savoir-faire dans la charpenterie de marine. Grâce à elle, on entre dans la représentation du geste quotidien de l'artisan. On peut rassembler ainsi les gestes les plus significatifs de la chaîne opératoire de certaines activités de la charpenterie de marine qui soient représentatifs de l’atelier ou du milieu de la construction navale artisanale. Avec la photographie, les gens peuvent représenter directement la réalité offrant ainsi un véritable espace de visualisation de procédures techniques complexes, dans lesquels le geste de l'artisan est facilement reproductible et clairement compris par les observateurs. Par ailleurs, depuis son apparition à la fin du XIXe siècle, elle est l'outil du façonnage de la mémoire historique en valorisant le patrimoine immatériel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • « Une évolution des techniques de construction et des matériaux utilisés »

La charpenterie de marine est le résultat d’une « tradition et d’une expérimentation qui est séculaire voire millénaire avec des plans des types de bateaux, qui se sont transmis de charpentier en charpentier sans aucun document écrit à part, de temps en temps, une demi-coque. » Les mots du conservateur du Port-Musée de Douarnenez, Kelig-Yann Cotto, décrivent parfaitement le mode de transmission du savoir-faire traditionnel qu’ont connu tous les charpentiers de marine jusqu’à aujourd’hui. La construction de bateau en bois est l’affaire d’une longue perpétuation de savoir-faire à travers les âges et de père en fils : c’est la transmission d’un patrimoine familial « économique et culturel » si l’on reprend les mots d’Éric Rieth, directeur de recherche émérite au CNRS. Le cadre familial et l’habitude était donc des caractéristiques qui prédominaient dans la transmission du savoir-faire de la construction en bois. Ainsi, le geste technique était d’abord maîtrisé par les charpentiers de marine grâce à la répétition avant de devenir de plus en plus élaboré. Ce geste technique était également transmis, parfois hors du cadre familial, du maitre à l’apprenti dans les chantiers navals. Toutefois, ce mode de transmission des savoir-faire traditionnels disparait peu à peu au profit des écoles étatiques de charpenterie de marine comme les Ateliers de l’Enfer à Douarnenez. D’une durée d’un an, cette formation exige déjà des prérequis en construction. L'apprentissage théorique des techniques et des formes se fait aussi bien sur des constructions bois, mixtes et métal afin que les futurs charpentiers soient capables de travailler dans n’importe quel chantier naval et sur chaque façade maritime (Manche, Atlantique, Méditerranée). Les élèves deviennent également capables de travailler sur des pièces en bois tout en utilisant des techniques modernes. Mais, de nos jours, d’autres formations plus atypiques voient le jour, comme au chantier polyester Plastimer situé à Penmarch, en Bretagne.

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