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GESTE TECHNIQUE ET TRANSMISSION

dans la Charpenterie de marine

Depuis ses origines, la charpenterie de marine est composée de savoir-faire empiriques : des règles non écrites, secrètes et transmises de génération en génération dans un cadre familial ou corporatiste afin de préserver un « patrimoine culturel et économique »[1] selon Éric Rieth, directeur de recherche émérite au CNRS et au Musée national de la Marine. La mémoire et l’habitude prédominent : les charpentiers ont chaque plan en tête et leur transmission se fait oralement et par une répétition minutieuse des gestes. La chaine opératoire est précise, partant du choix des morceaux de bois tors jusqu’à la mise à flots du bateau fraichement construit. Pour se faire, « le praticien est capable de faire une représentation avec le gabarit et ses outils »[2] selon Pascal Barbotte, professeur de charpente marine au lycée Jean Moulin à Plouhinec. Le charpentier de marine utilise la demi-coque et des règles basiques de géométrie afin d’évaluer la forme du bateau et ses volumes : les décisions ne sont donc pas prises arbitrairement mais par logique et habitude. Par exemple, si le pêcheur-propriétaire souhaite que son bateau prenne plus de charge, le charpentier de marine augmentera son volume et le bateau sera plus large. Chaque bateau est unique en fonction du milieu dans lequel il est construit, des matières premières disponibles et des techniques mises en œuvre durant sa construction. Il représente le dialogue constant entre artisan et client. Le geste technique et sa transmission sont donc au cœur d’un processus long et complexe qui a évolué au fil du temps.

 

[1] Eric Rieth, Navires et construction navale au Moyen-Age : archéologie nautique de la Baltique à la Méditerranée, Paris, Editions Picard, 2016, p. 254.

[2] Entretien du 17 janvier 2019 au Port-Musée de Douarnenez.

Bibliographie :

  • BRIL Blandine, « Description du geste technique, Quelles méthodes ? », Techniques et Cultures, 3, 1984, p. 81-96.

  • CVIKEL Deborah, « Introduction : Le complexe technique de la navigation : l’homme, le navire et le paysage nautique », e-Phaïstos, I-1 | 2012, p. 9-11.

  • CHEVALLIER Denis et  CHIVA Isac, « L’introuvable objet de la transmission », Denis CHEVALLIER (dir.), Savoir-faire et pouvoir transmettre, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Ministère de la Culture, 1996, p. 1-11.

  • FERON Patrick, « Le geste du maître calfat, milieux, outils, technique », Didier BOUILLON et al (dir.), Gestes techniques, techniques du geste, Villeneuve d’Ascq, PUS, 2017, p. 129-140.

  • GARCON Anne-Françoise, « Des modes d’existence du geste technique », e-Phaïstos, IV-2 | 2015, p. 84-92.

  • LAPPARENT de, « Du dépérissement des coques des navires en bois et des autres charpentes ou bois d’industrie et des moyens de le prévenir », Revue Maritime Coloniale, janvier à avril 1863, T. VII, Paris, Challamel Aîné, 1863, p. 573-605.

  • LLINARES Sylviane, « L’apprentissage dans les arsenaux de la Marine au XVIIIe siècle », Techniques et Culture, n°45, 2005, p. 6-23.

  • LOUREIRO Vanessa, « Signatures architecturales vs. Spécificités régionales au sein de la tradition de construction navale ibéro-atlantique », e-Phaïstos [En ligne], I-1 | 2012, mis en ligne le 01 janvier 2015, consulté le 23 février 2018. URL : http://journals.openedition.org/ephaistos/234 ; DOI : 10.. 4000/ e-Phaistos 234.

  • MARTINENQ Benjamin, Aide-mémoire du constructeur de navires, Paris, Bernard, 1901.

  • MONTANEZ Manuel, « Les bateaux traditionnels de Bénarès, regards sur une technique de construction », e-Phaïstos [En ligne], I-1 | 2012, mis en ligne le 01 janvier 2015, consulté le 23 février 2018. URL : http://journals.openedition.org/ephaistos/244; DOI : 10.4000/ephaistos.244

  • RENAULT François, « Le projet dans la construction navale en Basse-Normandie » [en ligne], in Les Normands et la mer, Actes du colloque ( Cherbourd, 4-7 octobre 1990), Tatihou, Musée Maritine de l’île de Tatihou, 1995. p. 132-139. Consulté le 25/02/2020 : http://verguillon.free.fr/images/Sav_fR/pro_ds_cons_nav_BN.pdf

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